René Marie Hyacinthe Laënnec est né en Bretagne le 17 février de 1781. Fils d’un notable quimpérois, il grandit dans un milieu aisé propice à la connaissance. Orphelin de mère à l’âge de cinq ans, il est confié à l’un de ses oncles puis à un second pour assurer son éducation. Le deuxième s’avère être un médecin nantais renommé, professeur puis directeur de l’école de médecine. C’est cette dernière influence qui va guider René vers sa vocation qu’il marquera de son empreinte pour toujours.
C’est à Paris que se poursuit son cursus. Il va être le disciple de grands noms de la médecine de son siècle : Corvisart, Dupuytren, Bayle. Leur point commun ? Ils sont tous de redoutables cliniciens. Le jeune Laënnec s’intéresse tout particulièrement aux maladies pulmonaires. On peut se questionner sur la place de l’héritage familial lorsqu’on sait que sa mère est décédée de tuberculose.
Il utilise et développe les techniques de percussion permettant à l’aide de ses doigts de produire un son qui se répercute dans la cage thoracique et qui, selon qu’il revient mat, tympanique ou amoindri, permet de préjuger de la présence d’un épanchement, d’une condensation ou même d’un pneumothorax.
Un jour, à l’occasion d’une promenade parisienne, ses pas le guident aux alentours du Louvre où il aperçoit des enfants jouant dans des décombres. Une poutre métallique fait l’objet d’un jeu. L’un d’eux gratte la barre avec une aiguille quand à l’autre bout un enfant colle son oreille pour entendre les sons transmis par résonnance. C’est à ce moment qu’une idée germe: fabriquer un instrument permettant d’écouter les bruits du corps. À l’époque, l’auscultation consiste pour le médecin à coller son oreille à la paroi thoracique pour percevoir les sons. Peu pratique, il innove en roulant une feuille de papier en cylindre qu’il plaque contre son patient pour mieux isoler et percevoir la musique organique. Tout lui parvient de manière nette et claire. Le stéthoscope est né. Il perfectionnera son invention tout au long de sa vie pour en faire un objet en bois et en métal pourvu d’un pavillon permettant d’amplifier et de purifier l’acoustique. Grâce à cet outil, il fera en moins de deux ans la description, encore utilisée aujourd’hui, de toute la sémiologie pulmonaire : râle bronchique, crépitants, ronchi, etc. Son ouvrage fondateur, de l'Auscultation médiate, ou Traité du diagnostic des maladies des poumons et du coeur, s'étale sur plus de cinq-cent pages.
L’appareil permet également de décrire les bruits du cœur et d’écouter les bruits abdominaux.
Clinicien avisé, il fera de fines descriptions de la cirrhose (à laquelle il donne le nom), de la péritonite, du mélanome et de ses métastases pulmonaires ainsi que de notables avancés sur la tuberculose.
Surtout, il définit les règles de l’examen clinique comme étalon et point de départ indispensable à toute démarche diagnostique.
L’ironie voudra que ce soit avec son invention qu’on lui diagnostique une tuberculose qui l’emportera en 1826 à l’âge de quarante-cinq ans.
Son héritage se trouve aujourd’hui autour du cou de chaque praticien, il est même devenu le symbole de notre profession. Cela paraît si simple qu’on se demande comment il fut possible qu’il ne soit pas inventé plus tôt. Il fallait l’esprit d’un homme sachant synthétiser les connaissances techniques, physiques et médicales, le tout étoffé par un sens aiguisé de l’observation pour révolutionner la pratique médicale pour des siècles et des siècles.
« La partie la plus importante de notre art consiste à être en mesure d’observer correctement. »
René Laënnec
Iconograpgie:
1- Portrait de René Laënnec, artiste inconnu
2- Laënnec auscultant par Robert Alan Thom
Comentarios