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REMIREMONT

Dernière mise à jour : 8 mai




Remiremont, petite ville des Vosges d’environ huit mille habitants, accueille un hôpital dont vous avez tristement entendu parler dans les médias ces dernières semaines. Cette agglomération se trouve à vingt-cinq minutes d’Épinal, la préfecture du département. Chacune des deux communes possède son centre hospitalier. Malgré la volonté de l’ARS de faire fusionner les deux structures qui présentaient de nombreux doublons de spécialité, le projet n’a jamais été mené à bien. Il existe de longue date une « guerre de clochers » entre les deux villes. Christian Poncelet, maire puis sénateur des Vosges a toujours férocement défendu sa ville et son hôpital romarimontain quand Philippe Seguin, maire puis député, a développé sa ville d’Épinal. Chacun souhaitant satisfaire ses administrés, aucune concession n’a été possible et il existe aujourd’hui deux hôpitaux, maintenant sous la même administration, qui cohabitent à quelques kilomètres de distance. De cet affrontement, un établissement a mieux tiré son épingle du jeu. Il s’agit de celui d’Épinal, ville quatre fois plus grande dont le centre hospitalier a été refait à neuf et inauguré il y a deux ans. Bien que construit trop petit, de nombreuses spécialités y sont représentées par des médecins sortant pour beaucoup du CHRU de Nancy situé à 45 minutes.


Alors pourquoi parle-t-on tant de Remiremont ?


Tout simplement parce que ce centre est un condensé de tout ce qui se fait de pire dans le milieu de la santé.


Il souffre des mêmes maux que le reste du système médical et des petits centres hospitaliers périphériques délaissés par l’état: manque de personnel, manque de moyens, décrédibilisation de la profession, politique du chiffre, manque de considération, irrespect des usagers, mépris des administrations, manque d’attrait, etc… mais pas seulement. Il existe un nivellement des exigences vers le bas avec un auto-renforcement des équipes dans des pratiques qui flirt avec l’incompétence.


L’hôpital ne compte presque plus de spécialiste en médecine. Alors je n’ai rien contre les médecins généralistes tant qu’ils connaissent leurs limites. Le problème ici, c’est que faute de mieux, les généralistes ont pris les chefferies de service en espérant pratiquer des spécialités pour lesquels ils ne sont pas compétents et ce en méprisant les services spinaliens (toujours cette guéguerre) qui eux sont dirigés par de vrais spécialistes. On se retrouve donc avec des patients relevant de prises en charge plus spécialisées qui végètent dans cet hôpital jusqu’à en mourir.

Plus le niveau se dégrade, plus les médecins compétents partent et plus la gestion est laissée à des praticiens aux pratiques plus que douteuses.

On croise des médecins qui souhaitent tout faire et qui au final sont incapables de rien.

Que dire de ces médecins qui désertent le service une bonne partie de la journée, laissant les internes et les infirmières s’occuper du service.


Le service des urgences est également en roue libre, vivant grâce aux remplaçants qui pour certains ne savent pas lire un électrocardiogramme. Nombre d’erreurs y sont perpétrées, et également par les médecins titulaires : examens non réalisés, surdosages en anticoagulants non traités, troubles métaboliques non gérés, radiographies non réalisées ou non interprétées, décision de fin de vie sauvage, renvois de patients graves…

Autant de problèmes qui, s’ils n’entrainent pas la mort, ne sont jamais révélés aux patients et au grand public. Pourtant les équipes le voient et me le rapportent avec preuves à l’appuies.

Les erreurs sont également légion en médecine. Une partie des médecins titulaires ne voyant pas les patients et laissant la gestion aux internes ou aux infirmières déjà débordées. Les dossiers sont mal cadrés, les obligations de soins palliatifs non respectées, les transferts en réanimation où dans des centres spécialisés souvent trop tardifs. Les remplaçants qui bouchent également les trous en médecine sont pour certains de simples mercenaires venant toucher leur chèque sans offrir de service en retour. Patients non vus, pas de mot dans les dossiers, infections non traitées et j’en passe.

Le service des soins intensifs, géré par les anesthésistes qui courent d’un bloc à l’autre pour lesquelles les prises en charges sont bâclées, aucun avis n’est pris dans les services spécialisés des hôpitaux référents, les patients sont transférés sauvagement dans les unités médicales alors qu’ils nécessitent encore des soins intensifs.

Les services de chirurgies ne sont pas en reste. Je vous rassure, ce sont encore des chirurgiens qui opèrent. Des chirurgiens qui font tourner les blocs pour satisfaire une politique du chiffre et justifier leur propre existence face à celle d’Épinal. N’ayant pas le don d’ubiquité, le résultat s’avère être l’absence de médecin dans les services pour s’occuper des malades. On y voit donc des patients non surveillés qui mourront de déshydratation ou d’autres problèmes médicaux. Pour les chirurgiens il n’y pas de problème : « l’intervention s’est bien passée », ce qu’il advient ensuite n’est plus de leur ressort.

Je pense à ce monsieur décédé en 2021 d’une insuffisance rénale aiguë sur déshydratation parce qu’il avait été oublié au fond d’un service de chirurgie. Pas de surveillance, pas d’hydratation, pas de douche. Point de famille pour s’offusquer, il a donc été oublié de tous.


L’administration est au courant est laisse faire. Le directeur de l’établissement ne semble pas intéressé par les erreurs médicales du moment qu’elles restent internes à l’établissement et qu’aucune plainte n’est déposée. Je pense à cette dame pour laquelle aucun diagnostic n’était franchement posé et qui a été condamnée à mourir à cause dune médecin urgentiste qui a décidé d’arrêter les soins. Simple conflit entre médecins aurait répondu le directeur à un médecin venu lui décrire le problème.


On rapporte l’histoire de cet homme souffrant de troubles cognitifs qui déambulait en période d’épidémie de covid et qui a contaminé 13 patients dont 7 sont décédés alors qu’ils venaient pour des problèmes bénins. Pourtant la sonnette d’alarme avait été tirée pour isoler le patient mais rien n’a été fait.


Que dire de ces feuilles d’événements indésirables qui finissent classées sans suite pour divers problèmes dont la justice devrait prendre acte.

Les matelas anti-escarre que l’on refuse aux équipes et des patients qui se retrouvent avec des plaies sévères.


Toute la hiérarchie est gangrenée. On parle d’une cadre supérieure qui reçoit en entretien des soignants pour les briser de manière perverse : « que pense votre fille de votre demande de changement d’horaires ? » ; « Vous n’avez pas l’impression d’abandonner votre équipe en changeant de service ? » ;…


Que dire du management désastreux de la DRH qui démoralise les praticiens et paramédicaux de rester dans l’établissement ?


Nous pourrions également parler de comportement qui pousse des infirmières à interdire l’accès de la salle de pause aux étudiants. Le but ? Aucun.


J’arrête là l’énumération non exhaustive.


Bref, il y a matière à disserter sur cet hôpital malade et dysfonctionnel.


C’est ainsi que la médiocrité s’installe, personne n’est jamais mis en cause et on s’endort dans l’impunité, chacun pensant faire son travail à couvert, tous se couvrant dans le déni le plus total.


Puis, chemin faisant, on voit apparaitre dans la presse des dépôts de plaintes concernant des patients qui décèdent faute de surveillance ou parce que les examens qui auraient pu permettre d’éviter le pire n’ont pas été réalisés. Il existe des manquements graves dans plusieurs dossiers. Reste à voir ce qu’en dira la justice.


Evidemment tout ce que je vous énonce ici est sourcé. Beaucoup de patients, bien vivants, ont également été victimes d’erreurs sans même le savoir. Soit parce que le coup a été rattrapé ou parce qu’on leur a menti.


Cette affaire est foncièrement politique. Des groupes se battent pour défendre l’hôpital en faisant fi de ces histoires.

Des individus feront pression pour étouffer cette affaire, cela a déjà commencé. L’association pour la défense de la maternité de Remiremont, ADEMAT-H, alors qu’elle ne connait rien à l’affaire, se permet d’intoxiquer les médias avec des phrases telle que « dans tous les hôpitaux de France il y a des décès par pancréatite, des patients qui meurent parce qu’ils sont polypathologiques ». A Remiremont on meurt de pancréatite ou après une fracture du fémur parce qu’il y a des fautes graves. Parce que la surveillance ou les investigations auxquelles les défunts auraient dû avoir droit ont été négligées. L’argument « circulez il n’y a rien à voir » est d’un mépris odieux.

Alors que les dépôts de plainte ont vocation à améliorer le système, certains, comme les membres de cette association, dont deux gynécologues, sont prêt à maintenir cet hôpital en fonction coûte que coûte, même s’il s’agit de vies humaines. Ils ne laisseront jamais des décès se mettre en travers de leur route. On parle ici du docteur Jean Tisserand ou du retraité Didier Henry. Je laisse chacun lire leur déclaration et juger selon son éthique.

Même combat pour les députés qui s’ingèrent et défendent l’hôpital sans connaitre la teneur des dossiers… Electoralisme quand tu nous tiens. Ils ne risquent pas de s’étouffer avec la retenue, le respect et l’indépendance de la justice.


Ces réactions ne prouvent qu’une chose : les politiques gouvernementales ont gagné. Elles ont tellement dynamité le service public qu’on se trouve à vouloir défendre une offre de soin au rabais. Elles ont laissé mourir et pourrir de petits hôpitaux de campagne jusqu’à l’inacceptable. Moi je pense que l’on mérite mieux. Nous diviser n’améliorera pas notre service public. Pointer ses failles et les améliorer, si.


Des malades ont payé de leur vie, des familles détruites, elles méritent un procès et réparation s’il y a lieu.


Je vous le dis, toute personne ayant été ou ayant eu un proche de passage à l’hôpital de Remiremont se doit de s’interroger.

Il y a les décès maquillés par des « on ne pouvait plus rien, il était en fin de vie » qui doivent également alerter.

Tous les services de cet établissement sont touchés.

Alors demandez les dossiers par lettre recommandée au directeur, monsieur Dominique Cheveau. Faites-les relire par un médecin si vous le pouvez. Dans le doute, déposez plainte.


J’entends d’ici les défenseurs acharnés de l’établissement m’écrire. Je vous économise du temps et vous réponds en avance.

Oui !

Oui, il y a des soignants formidables dans cet établissement, qui d’ailleurs s’épuisent. Mais ce n’est pas un argument pour sauver les autres qui se cachent derrière.

Il y a aussi des prises en charge qui se passent bien. Heureusement !

Si votre voiture tombe en panne quatre fois sur dix, c’est qu’il y a un problème, même si elle démarre les six autres fois.

Je pense que l’on peut et qu’il faut sauver cet hôpital, mais en faisant table rase du passé et en corrigeant les dérives qui sont nées dans le terreau de l’incompétence de nos politiques (locaux et nationaux).

Je ne suis pas un professionnel des réseaux sociaux, je n’ai donc pas l’habitude de quémander des likes ou autre. Là je ne vous demande qu’une chose, si vous êtes des Vosges ou que vous avez des proches qui le sont, faites tourner ce texte, informez-vous, réalisez cet acte citoyen car il se passe réellement des évènements graves près de chez vous.


Maintenant je m’adresse aux soignant et au personnel de l’établissement. Si vous avez connaissance de faits graves, vous devez les faire remonter. Laisser faire c’est participer. Lorsque la justice tranchera, veillez à vous trouver du bon côté.


Quel bénéfice je tire de mon action ?


Aucun ! Sauf celui de me dire que les habitants du bassin de population de Remiremont pourront peut-être un jour passer les portes de l’établissement sans douter.


Les Vosges ont souffert d’un scandale similaire dans les années 2000. De la même manière, beaucoup se sont levés pour défendre le service de radiothérapie sans avoir les éléments en main. L’Histoire leur donne tort. L’hôpital d’Épinal a survécu et en est sorti que meilleur.


Passer à l’hôpital de Remiremont est une réelle perte de chance.


Alors pour les patients passés, présents et surtout futurs, agissez.





Iconographie: Jour de marché de Remiremont par Claude Nozerine







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