Le 20 mars de 2020 Quelque part en France Ce matin je suis paniqué. Je suis dans ma voiture, poste de radio allumé, je me dirige vers l'hôpital dans lequel j'exerce en ce moment. Le temps est morose, l'ambiance lourde. Je me demande dans quel état je vais retrouver le service que j'ai dû abandonner une semaine auparavant pour cause de contamination par le Covid-19. C'est dans ce contexte que j'entends la proposition du conseil scientifique d'utiliser la traçabilité des téléphones portables pour suivre, traquer, surveiller les citoyens infectés ou potentiellement contaminés par le virus. J'espère ne pas avoir été le seul à me révulser et à me révolter. Je pense que le climat de peur qui règne, comme cela a pu l'être lors des attaques terroristes, ne doit pas nous faire réagir sur un mode passionné, mais doit au contraire, et plus que jamais, faire appel à notre raison. Est-ce que le combat contre une épidémie doit passer par l'application de dictats de la surveillance absolue ? Doit-on subir la bombe nucléaire pour terminer une guerre ? Doit-on à ce point renoncer à nos libertés individuelles ? Et si oui, pour combien de temps ? En admettant que ce système fonctionne, pourquoi ne pas l'adapter tous les ans à la grippe ? Et aux patients tuberculeux ? Et aux patients atteints du VIH ? Et les toxicomanes ? etc… Je pense que les systèmes politiques, sous couvert de besoins de résultats, d'obsession du chiffre, de la nécessité de contrôle, appliquent des règles totalement inconcevables il y a encore quelques années. A chaque pas que nous faisons vers la restriction de nos droits, nous initions le prochain pour une marche inexorable vers une société de transparence absolue. Evidemment que la transparence est réconfortante sur le plan sécuritaire, mais sur le plan individuel, libertaire, qu'en est-il ? On ne parle pas là d'une proposition anodine, on ne parle pas là d'une obligation de mettre sa ceinture de sécurité, ou de poser un radar fixe comme je l'ai entendu, déjà, dans les médias. Non, on parle d'un suivi en temps réel, de la possibilité de savoir exactement où nous nous rendons, qui nous voyons, combien de temps, et si besoin, de venir nous chercher. Même avec le meilleur des contrôles, l'enjeu est bien trop grand. On ne peut pas masquer les manquements de notre gouvernement par des mesures totalement extrémistes. Lisez "1984", lisez "Le meilleurs des monde", lisez "Fahrenheit 451", regardez "Minority-report", regardez "Equilibrium", et bien d’autre dystopie ou jamais cela ne fonctionne. Je suis un soignant, je suis bien sûr au combat et je le serai jusqu'à la fin de cette peste, mais les moyens de se battre ne sont pas ceux-ci, ne sacrifiez pas notre humanité pour sauver l'humanité, cela n'a aucun sens. Avec tout cela, je n'ai même pas posé la question du secret médical. Que deviendrait le fondement même de la pratique de la médecine ? Ne tombons pas dans cette folie, ne tombons pas dans l'absurde, reprenez-vous, reprenons-nous et battons-nous.
Iconographie: L'oeil de Sauron, Film Le seigneur des anneaux par Peter Jackson, Warner Bros.
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