Je vous propose dans ces feuillets d’aborder le sujet de l’homéopathie. On entend encore de nos jours tout et n’importe quoi sur cette discipline. Je vous propose donc un résumé des connaissances actuelles.
Prenez votre temps et embarquez pour un voyage merveilleux, un voyage de deux-cents ans dans le monde féérique de l’homéopathie
Tout commence dans l’Allemagne du XIXe siècle avec un médecin du nom de Christian Friedrich Samuel Hahnemann.
À la fin de ses études, il souhaite devenir médecin, mais par-dessus tout, il désire la reconnaissance et la célébrité.
Bibliothécaire puis médecin, il s’initie à la pharmacie. Après s’être fait embaucher chez un pharmacien dont il courtise la fille, celui-ci l’épouse et s’installe avec elle près de l’officine.
Insatisfait de la médecine moderne de l’époque, il s’essaie à la pratique clinique, fait un peu de chimie et d’étude thérapeutique. Il se cherche en étudiant sans réellement accrocher et approfondir une discipline.
Alors qu’il décide d’arrêter la médecine, qu’il ne pratique d’ailleurs que très peu, il se lance dans des travaux de traduction de vieux ouvrages médicaux. Découvrant des textes antiques, il lui vient un jour une idée, idée en fait vieille comme le monde, qui est de traiter le mal par le mal.
Plus précisément, il souhaite traiter les symptômes par des produits susceptibles de déclencher les mêmes symptômes.
Jusque-là, pourquoi pas. Les évolutions médicales et scientifiques se sont faites suite à la validation ou non de théories parfois tordues et fumeuses, alors allons-y.
Malheureusement, c’est dans les fondements de la théorie que commence la mascarade car ce brave médecin n’a rien d’un chercheur et il ne montre aucune rigueur dans la confrontation de ses idées ou dans l’application de ses recherches.
Hahnemann part donc du postulat qu’une molécule susceptible de déclencher un symptôme est capable de soigner le dit symptôme.
Pour se faire, il s’appuie sur une description d’un autre médecin, William Cullen. Alors accrochez-vous car il faut suivre le raisonnement :
Cullen décrit dans un texte du livre "Materi medica" l’action d’une plante qui se nomme le Cinchona officinalis (Quinquina).
D’abord, quid de cette plante ? Il s’agit d’un arbuste d’Amérique du sud dont l’écorce est connue et utilisée encore aujourd’hui comme antipyrétique mais également et surtout comme antipaludéen.
Le principe actif est plus connu sous le nom de quinine.
Ce docteur Cullen explique que le médicament, déjà administré comme antipyrétique à l’époque, tire son efficacité d'un mécanisme de « renforcement de l’estomac ».
Hahnemann avait déjà utilisé ce principe actif lorsqu’il contracta une fièvre. Pendant son traitement, il fut atteint d’un des effets indésirables de la quinine : des épigastralgies voire une gastrite.
Il n’en faut pas plus pour qu’il conclut que la disparition de la fièvre est imputable au déclenchement de la gastrite… Cullen se trompait, Hahnemann bien plus encore.
De la conclusion que la gastrite soigne la fièvre, il amalgame et glisse sur le fait que le déclenchement d’une fièvre devrait faire disparaitre une fièvre. Pour résumer, le mal soigne le mal.
Si vous avez réussi à suivre jusqu’ici je vous conseille de faire une pause et de prendre un verre d’eau parce qu’on va monter en gamme.
Pour confirmer sa théorie, notre cher Docteur Hahnemann décide de tester sur lui-même le quinquina alors qu’il ne présente pas de fièvre. Ce qu’il veut démontrer, c’est que la substance déclenchera une hyperthermie.
Il ingurgite donc de la quinine en quantité importante et développe des troubles du rythme cardiaque, des tremblements, des « froideurs » dans les doigts et les pieds, des céphalées, mais pas de fièvre.
Pour Hahnemann l’expérience est concluante, la substance déclenche des symptômes pouvant être associés à la fièvre, ce qui devrait donc soigner la fièvre. C’est le principe de similitude avancé par Hippocrate il y a deux-mille-cinq-cents ans… Si Hippocrate le dit !
À ce stade, vous avez peut être l’impression d’avoir loupé quelque chose, c’est normal, mais l’histoire est malheureusement celle-ci.
Suite à cela, il écrit cette phrase qui posera les fondements de l’homéopathie :
« Les substances qui déclenchent une sorte de fièvre coupent les diverses variétés de fièvre intermittente. »
Je vous laisse apprécier le degré de précision de cette loi sensée poser les fondements de la pratique.
En réalité, cette théorie n’apporte rien de nouveau car des auteurs de l’antiquité avaient déjà avancé ce paradigme qui n’a jamais été très concluant et qui s’est souvent conclu par des empoisonnements.
Très heureux de lui-même, il décide de reprendre l’exercice médical. Il va d’abord expérimenter sur ses proches (sa famille) puis sur des patients des traitements comme le mercure, l’arsenic ou le souffre.
Chacun de ces poisons ayant une action négative sur le corps, pour Hahnemann ils doivent donc surement être efficaces sur les symptômes qu’ils déclenchent…
Etant donné qu’administrer de l’arsenic à des patients entraine quelques désagréments, il décide de poursuivre les expériences en diluant les substances. Enfin une idée louable.
Ne se basant sur aucune preuve tangible ni aucune théorie physiologique, il décide des dilutions de manière aléatoire.
Il est à noter qu’Hahnemann est contre l’idée d’une médecine globale, et plus encore contre le principe de chercher l’origine du symptôme. Qu’une fièvre soit due à un abcès dentaire, une crise de paludisme ou une pneumonie ne l’intéresse pas, il ne s’embarrasse pas de la cause mais s’attaque à la conséquence. Une fièvre est une fièvre et il faut se concentrer sur le symptôme. Ainsi, peu importe le produit utilisé du moment qu’il prodigue le mal.
Pour revenir sur la préparation de ses traitements, il décide donc de les diluer, de les diluer beaucoup. On en vient donc au deuxième grand principe de l’homéopathie, la quantité infinitésimale de principe actif.
On résume donc, traiter le mal par le mal, avec des dilutions très importantes annulant l’effet des poisons et donc, de fait, contre-disant le premier principe.
Ce que je veux dire par là, c’est qu’ayant établi sa théorie sur un concept, prodiguer le mal, il déclenche une vague d’intoxications des personnes traitées. Il y remédie et modifie sa théorie en décidant de diluer le produit, ce qui crée un nouveau concept en cour de route. Les produits fortement dilués ne sont donc plus des poisons, ils ne sont donc plus le mal, donc la théorie tombe à l’eau. Il adapte la théorie à ses expériences et non l’inverse.
Le nouveau principe devient donc la dilution de produits supposés efficaces à dose importante. Admettons.
Voici maintenant l’explication de la dilution :
Vous avez déjà tous vu les fameux petits tubes de granules avec les mentions «CH ». Et bien le « CH » précédé d’un nombre désigne la dilution.
Il existe différents niveaux de dilution, de 1CH (exceptionnellement prescrit), 2CH, 5CH et ainsi de suite jusqu’à 200CH.
Alors à quoi tout cela correspond ?
Imaginez que l’on prenne une goutte de principe actif (broyat de foie de canard, calcaire de coquille d’huitre, sel de mer, lait de chienne, arsenic, ou l’une des trois mille autres substances) et que l’on place cette goutte dans son équivalent de 99 volumes d’eau. On agite fort, on prend une goutte de ce mélange et nous sommes à 1CH. Pour obtenir 2CH, vous prenez cette goutte et vous la placez de nouveau dans 99 volumes d’eau, vous secouez et vous récupérez une goutte et ainsi de suite pour obtenir 2CH, 3, 4 jusqu’à 200CH. Après dilution, des granules de sucre sont imprégnés de cette eau et conditionnés en tubes.
Il est difficile de se représenter mentalement la dilution. Comme une image vaut mille mots, je vous donne quelques équivalents :
1CH c’est deux cuillères à café de principe actif dans un litre d’eau.
2CH c’est deux gouttes de principe actif dans un litre d’eau.
3 CH c’est deux gouttes de principe actif dans votre baignoire, vous mélangez, vous récupérez une goutte et voilà votre traitement.
4CH c’est 1 litre de principe actif dans 40 piscines olympiques.
5CH c’est 2 litres dilués dans le lac de Gérardmer.
7 CH c’est 1 litre dans le lac Léman.
9CH c’est un mètre cube dilué dans l’ensemble des mers et océans du globe. L’arnica que vous donnez à vos enfants quand ils se cognent est à ce dosage.
A partir de 12 CH on parle d’une goutte de solution dans l’ensemble du volume d’eau sur terre.
200CH, le dosage de l’oscillococcinum utilisé contre les symptômes de la grippe, c’est une goutte dans l’ensemble de l’univers connu. C’est-à-dire indétectable… Ainsi, à cette concentration, et si l’on se réfère à la fameuse mémoire de l’eau (La théorie encore non prouvée que l’eau garde en mémoire toute substance rencontrée sous forme de nanoparticules selon certains, d’ondes électro-magnétiques selon d’autres) vous avez plus de chance de retrouver des traces de l’oscillococcinum dans l’eau du robinet, dans la rivière près de chez vous, dans une flaque d’eau, dans une goutte de pluie que dans les granules de votre tube…
Certains laboratoires, médecins et pharmaciens oublient facilement les principes de la chimie lorsqu’il y a un petit billet à la clé. Pour information, l’oscillococcinum a été créé par un certain Joseph Roy, certain d’avoir découvert un « microbe », l’oscillocoque, supposément découvert dans le foie de canard. Il est sensé prévenir/guérir les symptômes de la grippe et non pas la grippe elle-même puisque l’homéopathie s’attaque aux symptômes et non à leurs causes.
A ce jour, dix-sept janvier deux-mille-vingt-et-un, ce « microbe » n’a jamais été observé sur terre… Joseph Roy ce visionnaire.
Terminons sur la vie de Hahnemann. Son principe exposé, il va tenter de le vendre et d’en faire commerce. Vendre du sucre à prix d’or, l’affaire est juteuse.
Mais devant l’absence de réels résultats il va se faire nombres d’ennemis. Chez les médecins pour commencer, puis dans les rangs des autorités publiques qui voit d’un mauvais œil cette médecine qui ne traite ni les symptômes, ni les maladies.
En conséquence, notre apprenti sorcier doit fuir et change de logement… plus de soixante fois dans sa vie. L’attitude d’un homme stable et honnête.
Il arrive à se fixer lorsqu’il tombe sur Ferdinand d’Anhalt-Köthen, duc de Prusse, mais surtout Franc-Maçon comme notre docteur Hahnemann. Il va donc le financer et le protéger des influences extérieures pour qu’il puisse développer son commerce, puis comme toujours, il se lasse et arrête sa pratique.
Veuf et à la fin de sa vie, lassé de l’homéopathie, il y reprend goût quand une jeune parisienne de quarante-cinq ans sa cadette vient le voir pour une consultation. Il finit par l’épouser et à exercer sa discipline à Paris où il termine sa vie après y avoir apporté sa pensée, pensée qui connaitra sa seconde vie.
L’homéopathie va en effet continuer à se transmettre grâce à ses disciples, notamment Français, qui lui vouent un culte quasi-religieux. Au début du XXe siècle, c’est l’industrie pharmaceutique qui s’en empare en voyant dans ce traitement sans principe actif (donc peu cher à produire) sans effets indésirables, sans études nécessaires à sa mise sur le marché, une manne financière colossale.
Alors que sait-on réellement sur l’homéopathie aujourd’hui ?
On sait maintenant et par de multiples arguments que l’effet de l’homéopathie n’est pas différent de l’effet placebo.
L’effet placebo est la capacité d’induire des effets thérapeutiques par l’intermédiaire de la suggestion, du transfert, de l’inconscient. Si cet effet est intéressant en médecine, en faire commerce en vendant de la poudre de perlimpinpin s’apparente clairement à du charlatanisme.
En juin 2019, La haute autorité de santé publie des travaux d'étude des publications scientifiques traitant de l’homéopathie sur les 20 dernières années. Toutes les études sont incluses, qu’elles proviennent de laboratoires privés, d’homéopathes, de groupes publics, etc…
Plus de mille sont ainsi référencées. Aucune n’a prouvé l’efficacité des produits. Je répète qu’aucune des 1200 études n’a prouvé un effet supérieur à l’effet placebo.
Soit parce que les études n’avaient aucune rigueur (Probable héritage de Hanhemann), ou bien parce qu’elles étaient bien menées et ne retrouvaient pas d’efficacité comparé à un placebo. De plus, les produits homéopathiques sont souvent utilisés sur des symptômes sans gravités qui habituellement régressent spontanément. Des études décrivent des patients qui consommaient en plus de l’homéopathie un médicament réputé efficace. On attribue donc par excès l’efficacité du paracetamol à l’homéopathie…
C’est dire la rigueur des travaux.
L’HAS a également passé à la loupe vingt-quatre symptômes : des douleurs aux verrues, de l’arrêt de la lactation à la dépression, des diarrhées à l’asthme en passant par les allergies, la fatigue et j’en passe. L’homéopathie est efficace sur… je vous le donne en mille : aucun des symptômes.
En France en 2018, 126,8 millions d’euros déboursés pour rembourser l’homéopathie… je pense que l’on pourrait réfléchir à une utilisation plus sage.
Alors on pourrait se dire que l’HAS souhaite un déremboursement pour faire des économies, sauf que toutes les études indépendantes concluent à la même chose. L’ensemble des pays du monde rapportent le même constat. Dernièrement c’est l’Australie, le Royaume-Unis et la Belgique qui ont réalisés des travaux similaires aboutissant aux mêmes conclusions.
En Europe il ne reste que l’Allemagne et le Luxembourg pour rembourser les produits, et encore, sous certaines conditions qui tendent à se durcir. L’homéopathie est d’ailleurs assez peu répandue dans le monde, il s’agit d’une curiosité très française.
Mais pour diffuser et prêcher la bonne parole, « homéopathes sans frontière » a été créé, une association relevant parfois de l’extrémisme lorsqu’elle préconise de traiter des patients contre le SIDA, notamment en Afrique, en délaissant les traitements conventionnels… génocide par l’ignorance.
Alors je veux bien qu’on me taxe de vendu, d’obtus, de réactionnaire, mais je ne suis qu’un pragmatique qui se base sur les faits. J’aurais sincèrement aimé être convaincu ne serait-ce que pour nager à contre-courant, mais après des heures et des heures de recherche, aucun argument valable.
Mais c’est même bien pire, je trouve des informations à charge, à la limite de la légalité.
Les laboratoires pratiquent un lobbying agressif pour maintenir leurs ventes. Afin de détourner les mesures de contrôle de la mise sur le marché, ils procèdent à de hautes dilutions pour « garantir l’innocuité » du produit… tout est dit.
Ah non, pas tout, les produits homéopathiques n’ont pas d’indication thérapeutique. C’est-à-dire que chaque praticien est libre d’utiliser la molécule qu’il veut pour le symptôme qu’il souhaite traiter… C’est pratique.
En même temps, si vous avez bien suivi le paragraphe sur la dilution, la composition est la même pour tous les produits : de l’eau diluée dans du sucre
Les éléments les plus lourds du dossier sont les listes des morts de l’homéopathie. Les séropositifs, les patients atteints de cancers, les infections graves et les autres et ils sont nombreux.
Je voudrais vous rappeler le cas de cet enfant italien qui présentait une otite traitée par homéopathie et qui est décédé des complications de l’infection car les parents et le médecin n’ont pas proposé de traitement efficace.
Si vous m’avez trouvé virulent, sachez que je suis sur la réserve. Les médecins homéopathes sont au mieux des ignorants, parfois des charlatans, au pire, lorsqu’ils délaissent des traitements efficaces, des criminels.
Et qui se cache derrière ? Des laboratoires dont le plus important, Boiron, 2800 emplois, 420 millions de capital… autant dire que le mensonge a pour lui un bras bien armé.
Voilà, vous venez d’ingurgiter un résumé (Un peu long j’en conviens) de l’une des plus grosses arnaques de notre monde moderne. Une arnaque à plusieurs milliards et qui engraisse quelques privilégiés jouant sur la méconnaissance du peuple et la complicité d'élus qui pour beaucoup sont parti pris.
Mais il y a une chose que l’argent n’achète pas : notre libre arbitre et notre capacité à ne pas être clients. Chacun possède le pouvoir de faire pencher la balance.
« Soyez résolus à ne plus servir et vous voilà libres »
La Boétie
Iconographie: La galaxie d'Andromède, photographie de la NASA
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