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Photo du rédacteurLes carnets d'Asclépios

Dr D.R.

Dernière mise à jour : 30 mai



Comment l’ombre peut-elle naître de la lumière ?


Très simplement, lorsqu’un objet volumineux est placé devant et que cet objet s’appelle l’égo. Il y a le temps où l’expérience et le talent forgent un homme puis vient celui où l’homme devient amoureux de sa propre image, il est alors venu l’ère de l’obscurantisme. Quand le covid a frappé aux portes de l’humanité, les spécialistes des maladies infectieuses ont été mis à l’épreuve de leurs expériences construites au long d’une vie. Comme le militaire s’entraînant toute sa vie sur des cibles en carton, il était venu le moment pour nos spécialistes d’être confronté à la guerre sanitaire, le tire à balles réelles, la grande guerre de leur existence.


Malheureusement, beaucoup trop sûr de leur génie, certains se sont vu dépossédés de cet attribut à l’aune de la pandémie. C’est le cas du Dr D.R. qui est en fait professeur.

Le Dr D.R. fait une carrière médicale par défaut. Lancé dans la discipline de l’infectiologie, il l’exerce dans la recherche et se fait connaitre par ses travaux. Il devient rapidement un pilier de cette spécialité et collabore à de nombreuses publications scientifiques internationales. Sur le plan national, il participe à l’élaboration de « plans pandémie » visant à préparer l’Etat à la gestion d’une crise sanitaire tel que nous connaissons maintenant depuis bientôt deux ans. En 2018 il prend la tête de sa citadelle, l’IUH Méditerranée Infection. Bien que ses contributions soient indéniables concernant les découvertes et les descriptions des virus, la communauté scientifique lui reproche un manque d’approfondissement et de rigueur dans les suites données à ses travaux.

Lorsqu’un virus se répand sur l’ensemble de la planète fin 2019 et début 2020, il est licite que les regards se tournent vers les tenants de l’autorité virologique et épidémiologique dont faisait partie le Dr D.R. La France a donc fait la connaissance de cet homme très sensible à son apparence faussement négligée mais très bien entretenue. Siégeant devant un portrait de lui-même, on sent déjà que l’homme se pose là en icone moderne n’attendant que le jour de sa révélation au monde. Mais jusqu’ici, l’égo ne laisse en rien préjuger de la rigueur scientifique de l’homme de l’art. Très attentif à ses déclarations, j’ai suivi beaucoup de ses apparitions divines et j’ai rapidement été amusé puis désabusé par le manque de sérieux pourtant exprimé avec tant d’aplomb.


Commençons par les déclarations sur le virus lui-même. Alors que personne ne comprend rien à cette maladie, le Dr D.R. sait et la qualifie de bégnine, pas de quoi s’alarmer. Si personne ne peut faire le procès de son ignorance à ce moment, en effet, l’ensemble du monde semblait sidéré, ce que l’on peut reprocher c’est la persistance dans le propos et la certitude avec laquelle il l’exprime. D.R. avait parlé et les voies de D.R. ne souffrent aucunes contradictions.

Aurions-nous aimé un mea culpa ? Peut-être !

Un peu de mesure et de doute ? C’est certain.

Mais si le scientifique peut douter, l’égo en est incapable. C’est là que l’on a pu entrevoir le danger de Général fou prêt à envoyer ses hommes à la mort sur la seule foi d’une force pourtant illusoire.


Il y eu ensuite les recherches du miracle pour prouver son ascendance divine. Les recherches sur l’hydroxychloroquine. Personne ne peut le blâmer d’avoir voulu prouver une théorie physiopathologiquement fondée voulant que la molécule diminue le pouvoir pathogène du virus. La précipitation dans l’étude et le manque de rigueur en période d’urgence peuvent également se défendre. Mais ne pas reconnaitre ce qui a rapidement fait l’unanimité, c’est-à-dire l’inutilité du traitement, c’est impardonnable. Comment prêter une quelconque légitimité à un médecin et chercheur qui refuse de se rendre à l’évidence car aveuglé par son égo. Quelle belle preuve de vertu aurait été celle d’avouer s’être fourvoyer. Mais non, il a persisté en traitant qui le souhaitait par cette substance faisant plus office de placebo que de panacée. Enorgueilli par sa mise en lumière médiatique, il a pris la place que son alter égo se croyait légitimement devoir prendre et il a continué dans de multiples vidéos à énoncer des vérités construites sur du sable mouillé. C’est alors que j’ai vu cette interview aux abords de l’été 2020. Plein d’assurance, il a énoncé ce dogme : « il n’y aura pas de deuxième vague ». Plus loin même, il riait au nez des spécialistes plus incertains et inquiets en insistant sur le fait que le grand spécialiste reconnu mondialement qu’il était pouvait nous certifier que le virus disparaitrait comme il est apparu… C’était il y a 15 mois, et la maladie est encore là. Cette « grippette » traitée à l’hydroxychloroquine disparaitrait. Ce n’est pas l’inexactitude des prédications qui fâchent, c’est la conviction inébranlable avec lesquelles elles étaient crachées au visage du monde qui blesse.


Dernière prouesse, ultime bassesse, la remise en cause des vaccins, pour provoquer, se distinguer où faire oublier le reste, mais il tombe encore à côté pour son jubilé.

L’égo a tenté un coup de poker, celui de parier au grand pile ou face de l’inconnu que la vie suivrait le dogme du Dr D.R.


Quelle aura aurait-il eu si tout s’était passé comme prévu. Malheureusement la médecine ne se pratique pas sur des paris qui flattent l’égo, mais belle et bien sur le doute et la remise en question qui éprouvent les théories et affûtent les intuitions. Voilà comment une lumière puissante peut devenir funeste quand le phare est caché par la vague de la suffisance.


Voici comment on se souviendra du Dr D.R., illusionniste de la médecine, funambule de la pandémie qui a éclipsé une vie de sérieux et d’honorabilité au profit d’un départ orgueilleux et raté.


Bonne retraite Dr D.R.




Iconographie: D.R. façon South Park, compte twitter "viser la Lune" @Procto_Log







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