Difficile de s’y retrouver dans ce grand micmac de vaccins. Anglais, russe, américain, allemand, chinois, français… ah non, pas français.
Plus sérieusement, nous sommes inondés d’informations en tout genre sur les différents produits. Je vous propose donc un récapitulatif simplifié et efficace de ce que nous propose la pharmacopée mondiale.
Commençons par le premier arrivé chez nous, le Pfizer-BioNTech.
Vaccin à ARNm, plutôt bien toléré, il propose une efficacité de 95%. Schéma en deux injections à 28 jours d’écart, il présente la particularité de devoir être conservé à des températures de -80°C.
Vaccin utilisé au début de la campagne vaccinale français, les difficultés d’approvisionnement ont forcé les autorités à se tourner vers d’autres laboratoires. Il ne présente que peu d’effets indésirables. Pour être très simple, des réactions aux points d’injection et des syndromes grippaux atténués. D’autres atteintes sont surveillées mais ne semblant pas liées au produit.
Information récente, une étude montrerait une efficacité de ce vaccin sur les variants anglais et sud-africain.
Le Moderna, vaccin à ARNm également, s’administre en deux injections séparées de 28 jours. Effets indésirables superposables voire inférieurs au Pfizer. Efficacité similaire autours de 94%, la conservation est un peu plus simple que le précédent et se fait entre -15 et -25°C. Arrivé rapidement pour renforcer les carences en doses de Pfizer, il semblerait que l’état peine également à se fournir. Il serait également efficace sur les variants anglais et sud-africain.
Parenthèse : En ayant passé commande seulement fin novembre - début décembre alors que d’autres pays avaient réservé des mois avant, il n’est pas étonnant que nous soyons à la traine. Encore une belle performance de la France.
Oxford-AstraZeneca, celui sur lequel l’état compte pour vacciner rapidement… mauvaise pioche. Probablement le moins bon. Schéma en 2 injections. L’efficacité déclarée par le laboratoire serait de 70%. Après une étude de l’agence européenne du médicament, elle serait en fait légèrement inférieure à 60%. Pour les amoureux des statistiques, l’intervalle de confiance présente une limite basse à 45% donc inferieure aux normes de l’OMS pour la mise sur le marché.
Le mode de fonctionnement est différent des deux précédents. Ce dernier utilise un vecteur viral non répliquant (on fait porter des morceaux de coronavirus par un autre virus plus sympa ne se répliquant pas). L’étude a été réalisée sur moins de 11000 patients (40 000 pour Pfizer, 30 000 Pour Moderna) avec une erreur dans le protocole. En effet, il n’a été administré qu’une demi dose à une partie des personnes incluses dans l’étude. Oups !
Quoi qu’il en soit, les calculs de réajustement réalisés par l’agence européenne du médicament rapportent une efficacité d’à peine 60%. Peu d’éléments existent concernant l’efficacité sur les plus de 65 ans.
Par contre, les effets indésirables rapportés semblent importants avec des syndromes pseudo-grippaux invalidants ayant entrainé l’arrêt des campagnes vaccinales dans certains hôpitaux de l’hexagone. La surveillance est accrue mais l’expérience sur le terrain n’est pas bonne. Le phénomène sera à comparer à la tolérance dans les autres pays. La prudence est de mise sur ce produit.
parenthèse 2: C’est donc ce produit qui est réservé au personnel soignant mais nous ne sommes plus à une injure près.
Je vais présenter plus succinctement les prochains qui ne sont pour certains pas encore sur le marché et pour d'autres en attente d'autorisation en France.
Le Sputnik V. Non disponible en France. Vaccin à vecteur viral non réplicatif (Gentil virus : adénovirus). 2 doses à trois semaines d’intervalle. Très peu d’effets indésirables. Etudes sur 22 000 patients. Efficacité globale de 92%.
Johnson et Johnson, non disponible en France. Vecteur viral également, il ne nécessite qu’une seule injection et se conserve dans un réfrigérateur standard. L’efficacité ne serait que de 66%. Il aurait été testé sur les variants anglais et sud-africains.
Novavax est en cours d’étude pour la mise sur le marché. Méthode innovante, la protéine S est plantée dans des nano-tubules associés à un adjuvent « original ». Pour faire simple, une plateforme protidique met à disposition de la protéine S de covid pour que les globules blancs viennent s’immuniser, mais c’est moins classe dit comme ça.
L’efficacité rapportée serait de 95% contre le variant de base, 85% contre le britannique et 60% contre le sud-africain. A conserver entre 2 et 8 °C. Etudes sur 15000 personnes. Schéma en 2 injections.
Affaire à suivre.
Sinopharm et Sinovac : vaccins chinois pour lesquels les données transmises sont insuffisantes.
En résumé, des trois vaccins disponibles en France, Pfizer et Moderna semblent de bons candidats avec une très bonne couverture vaccinale sans effets indésirables graves. Points négatifs : mode de conservation et rupture de stock.
AstraZeneca est difficile à défendre devant les deux autres : moins efficace, plus d’effets indésirables, le seul bénéfice attendu est une immunité collective au détriment d’une mauvaise couverture individuelle.
Pour les autres, ils sont à surveiller mais indisponible pour le moment.
« Docteur, si vous aviez le choix, vous choisiriez lequel ? »
Et bien, si l’on me demande de me mouiller, voici mon avis personnel le 16 février 2021 :
Pfizer et Moderna les yeux fermés. Je déconseille le troisième.
Pfizer et Moderna : même combat !
AstraZeneca : abstiens-toi !
Iconographie: Morpheus et le choix de la pilule, film Matrix de Lana et Lilly Wachowski, Warne Bros.
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