L’ECN, l’examen classant national, cette sanction redoutée de tous les étudiants français ne sera plus.
Créée en 2004 puis transformée en version numérique en 2016, cette épreuve avait pour vocation de classer les étudiants en médecine de toute la France. Une dizaine de dossiers à réponses écrites puis dernièrement des QCM informatiques permettaient d’élaborer un classement. A partir de ce dernier, les futurs internes choisissaient leur spécialité et le CHU de rattachement. Les derniers classés choisissaient ce qu’il restait. Si vous rêviez de la dermatologie, que vous étiez plutôt à l’aise avec la spécialité mais que vous vous ramassiez le jour J sur des dossiers qui traitaient de toute autres choses, vous n’aviez plus qu’à vous immoler (ou à choisir une autre spécialité). Depuis leur création, ces épreuves classantes étaient décriées pour leurs caractères trop tranchants et bruts. Six années de médecine qui se jouent sur 10 malheureux dossiers qui détermineront le reste de votre existence professionnelle. Vous veniez en stage avant tout le monde pendant 6 ans, connaissiez les dossiers, saviez examiner un patient, participer à une démarche diagnostique, interpréter des examens, etc… rien ne comptait plus, seuls les dix cas cliniques faisaient les juges de paix.
On se retrouve donc avec des grosses têtes bien pleines sans empathie en haut de l’échelle et des étudiants de terrain dans le ravin. Bien sûr je carricature, mais la réussite où non à ces épreuves n’a jamais déterminé la valeur d’un médecin. Pour l’administration universitaire, si.
Alors que vont devenir ces examens par la suite ?
Et bien le changement sera radical.
La première partie se nomme les EDN pour examen dématérialisé national. Ils se feront en septembre de la 6eme année. Les résultats compteront pour 50% de la note finale.
Ensuite viendront les ECOS, examen clinique objectif et structuré qui eux comptent pour 40%.
Enfin, 10% seront attribués pour le parcours de l’étudiant. Une activité associative, des diplômes annexes, des stages à l’étrangers pourront rapporter des points (C’est le même principe qu’à Poudlard, le quidditch en moins).
Ainsi, l’activité médical sera valorisée au détriment de la connaissance pure.
Enfin, les EDN seront subdivisés en connaissances de rang A, B et C.
La catégorie A englobe le savoir indispensable à tout médecin et qu’il sera obligatoire de valider sans quoi le redoublement fera sanction. Mais attention, c’est la note obtenue à la première session qui comptera dans vos résultats pour le classement final. Le rang B concerne les connaissances exigées pour tout interne de premier semestre. Elles portent sur un savoir plus spécialisé. Ces dernières seront pondérées en fonction de la spécialité souhaité par l’étudiant. Ainsi, des questions portant sur la cardiologie vaudront plus de point pour un étudiant souhait exercer cette spécialité que pour un autre s’orientant vers la chirurgie orthopédique.
Le rang C concerne les connaissances pointues de spécialité et seront abordées pendant l’internat.
Depuis des années que les changements sont souhaités pars les étudiants, qu’en est-il ? Quels sont les bon et les mauvais côtés de cette réforme ?
Cette évolution va laisser la place à une expression différente de la médecine. Des personnes à même de faire parler le corps du patient par un examen solide plutôt que par les pages des livres pourront tirer leur épingle du jeu. De plus, les activités annexes motiveront les étudiants à s’impliquer dans l’associatif (Ce qu’ils font déjà beaucoup) et à suivre des formations parallèles. Cette évaluation semble plus en adéquation avec l’exercice future que l’ancienne version s’appliquant à valider des connaissances livresques stricto sensu. Par corolaire, on peut se plaindre du fait que la médecine implique d’emmagasiner un nombre de connaissance encyclopédique et que cette formule pousse les étudiant à délaisser ce savoir. De plus, ces études déjà longues paraissent paradoxalement insuffisantes pour ingurgiter l’ensemble des items théoriques, ainsi, passer les examens un an plus tôt pourrait faire redouter un gavage plus important qu’il n’existait auparavant.
Sur le point des 10% de la note sanctionnant le parcours, certains étudiants dépassés ou en retard dans leurs révisions seront pénalisés par l’impossibilité de s’occuper d’une autre activité que celle déjà prenante que sont les études de santé. Je pense également aux étudiant exécrant un travail en parallèle de leur cursus.
En ce qui concerne les rangs de connaissances, le fait de devoir valider un socle indispensable à tout médecin semble plutôt rassurant, pour s’assurer que les internes débutants évitent de tomber dans des pièges et commettent des erreurs grotesques.
Autre point, la pondération vers la spécialité qui est intéressante car, un étudiant désirant à tout prix devenir neurologue aura à cœur de privilégier cette spécialité et celles qui lui sont proches pour ainsi permettre de vraies vocations. A l’heure actuelle, seul 15% des externes savent où orienter leur choix. Cette indécision est due en partie à la peur ne pas obtenir la spécialité convoitée lors de la roulette russe des ECN. Avec le nouveau système, les spécialités seront moins choisies par défaut.
D’un autre côté, il ne faudrait pas que cette pondération amène à délaisser des modules jugés moins importants et qui participent à la culture médicale générale de tout médecin.
Le système change mais le but final reste de classer les étudiants entre eux. Un système permettant d’orienter plus tôt les étudiants dans une spécialité aurait le bénéfice de mieux répartir les connaissances sur les dix années, de mieux spécialisé les futurs médecins et surtout d’éviter de les mettre en concurrence.
On le voit, les études médicales ont été transformées en l’espace de deux ans. Si cette formule semble intéressante, elle devra être confronté au temps et à l’expérience. Il n’en reste pas moins que les études médicales constituent une voie exigeante et difficile qui demande des sacrifices importants pas toujours récompensé dans le système de santé actuel qui mériterait lui aussi une réforme de fond en comble.
Iconographie: La leçon d'anatomie du docteur Tulp par Rembrandt
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