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Photo du rédacteurLes carnets d'Asclépios

JLB

Dernière mise à jour : 16 mai



Je voudrais dédier ce texte au docteur JLB.


J’ai rencontré le docteur JLB lors de mon premier stage aux urgences. Ce médecin a encadré la première garde de ma vie d’interne. Le doc a la cinquantaine, un mâle, un vrai, avec les poils, la barbe, la voix grave et toute la panoplie. Quand il marche, on dirait un cowboy et quand il entre dans le bureau, il faut fermer sa gueule sinon il te la défonce.

JLB, il est urgentiste, il sauve des vies, il a le pouvoir de vie ou de mort. La légende veut qu’une fois, il ait posé sa main sur un petit juif de Nazareth qui trois jours plus tard gambadait dans le désert comme une petite gazelle.

Je suis chanceux d’assurer ma garde avec la légende. Cette fameuse garde a été éprouvante pour moi. Première semaine d’internat, le stress, les 24 heures de boulot à la suite. Á 6h du matin, je me suis endormi sur mon bureau devant mon ordinateur. JLB m’a pris en photo et il m’a dit avec tendresse et bienveillance que je ne tiendrais jamais dans le temps, c’est comme ça, j’étais une mauviette. Il avait sûrement raison tout simplement parce qu'il a toujours raison.

J’ai beaucoup travaillé avec cette barre de testostérone. Il avait l’habitude de s’agacer tout seul devant son ordinateur, il tapotait sa souris voir la balançait quand il était contrarié. Mais il a le droit, c’est JLB.


Un jour, il s’est énervé parce qu’une patiente venait pour douleurs abdominales et qu’il n’arrivait pas à l’examiner à cause de son obésité. On a compris cela lorsqu’il a crié dans le bureau tout en caressant violemment l’étagère avec le poing : « Putain de grosse vache, pas étonnant qu’elle ait mal au bide avec tout ce gras. Elle mériterait de crever plutôt que d’engorger les urgences… ». Il faut le comprendre aussi, difficile d’accepter la différence quand on est parfait.

J’ai souvent entendu ses belles envolées lyriques quand il avait à prendre en charge un ou une personne obèse.


Charmant JLB. n’aimait pas non plus les étrangers, ces « parasites, fainéants et chômeurs», ces «sales bougnoules, portos, ritales et blackos…»

Il n’avait guère de respect non plus pour les femmes, blondes qui plus est. Pourquoi les blondes ? Je ne sais pas, mais lui le savait et ça suffisait, les voix de JLB sont impénétrables.

Il est arrivé une fois que JLB débarque en tapant dans tous les murs, puis dans les casiers en hurlant qu’il allait « tuer ce connard ». Ce connard était un patient avec des troubles psychiatriques. Il souffrait d’une psychose non traitée, il s’alcoolisait et il était agressif sur la voie publique. La police a donc demandé au SAMU de venir les épauler. Dans le camion qui ramenait le malade, le docteur JLB a élégamment provoqué le patient qui est devenu violent laissant ainsi libre cours aux instincts primitifs de notre virile médecin aux poils argentés.

Il a pu ainsi cogner un patient et s’en vanter. Mais le malade l’avait surement mérité. Le chatiment divin.


Voilà, c’était mon petit piédestal à ce médecin ouvertement homophobe, grossophobe, raciste, misogyne, qui crie à qui veut l’entendre qu’il déteste ces personnes tout en manifestant sa colère dans le matériel de l’hôpital public. Cet homme est connu, reconnu et exerce tranquillement la médecine. Mais il a raison, ce sont les êtres inférieurs que nous sommes qui devraient avoir la décence de s’arrêter de vivre. Si JLB avait tort il ne travaillerait pas depuis 15 ans dans cette unité d’urgences du service public.


Que JLB nous protège !


Ah, j’ai quand même un dernier message pour JLB :

Si tu te reconnais, sache que je rêve parfois qu’une grosse femme blonde magrébine et homosexuelle te défonce la gueule. La bise.




Iconographie: La Création d'Adam par Michel-Ange









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